Que ce soit dans le langage, les services aux personnes ou notre environnement de tous les jours, l’inclusivité est devenue impossible à éluder. À rebours d’un individualisme qui exclut toute forme d’altérité, cette nouvelle approche tend à satisfaire tous les publics en prenant en compte les spécificités, les besoins et les contraintes de chacun. Il est naturel que cette grande mouvance étende son influence à la conception des objets, du mobilier contemporain et au design. Le mobilier inclusif s’affirme, dans ce contexte, comme un idéal vers lequel tendre pour obtenir la parfaite combinaison entre accessibilité, ergonomie et sens du beau.
Des usages différents pour des usagers pluriels
Le meuble est par essence fonctionnel. Il peut être alloué à différentes activités, comme la lecture, l’écriture ou le travail bureautique. Il peut également servir à ranger et organiser des documents, affaires personnelles et autres fournitures. Enfin, il possède une dimension décorative grâce à différentes options de personnalisation et de finitions.
Mais au-delà de ces prérequis, le mobilier doit également servir au plus grand nombre, notamment lorsqu’il équipe un espace collectif. Or, certains publics ont des attentes spécifiques liées à leurs contraintes individuelles. Les personnes en situation de handicap moteur, sensoriel et cognitif doivent pouvoir utiliser les meubles mis à leur disposition comme n’importe quel usager.
Aux fonctionnalités des meubles et équipements s’ajoute un nouveau paradigme : la nécessité de favoriser et faciliter l’autonomie. Et cela ne concerne pas uniquement les personnes à mobilité réduite.
Le handicap, par exemple, peut-être temporaire : un bras dans le plâtre, une cheville foulée peuvent complexifier l’accès aux infrastructures courantes. Les jeunes enfants, les seniors, les femmes enceintes ou les personnes qui ont les mains prises par des paquets doivent aussi composer avec leur lot de contraintes.
Le mobilier inclusif ne cible donc pas une infime partie de la population, bien au contraire. Les fonctionnalités mises au service des personnes handicapées sont bénéfiques à tous. Dès lors, l’inclusivité devient une source d’inspiration et d’innovation pour les designers à la recherche de solutions universelles.
L’inclusivité pour mieux répondre aux besoins des utilisateurs
Comment créer des objets fonctionnels sans se mettre à la place des utilisateurs finaux ? C’est le paradoxe que tenta de résoudre l’Américaine Patricia Moore. À la fois gérontologue et designer industrielle, cette personnalité hors du commun réalisa une expérience inédite. En 1979, alors âgée de 26 ans, elle décida de voyager à travers les États-Unis en arborant le complet déguisement d’une femme de 85 ans. Elle espérait ainsi pouvoir comprendre et mieux définir les besoins quotidiens des seniors, pour leur offrir une réponse matérielle optimale à travers la conception de meubles et d’objets.
Sans aller jusqu’à réitérer une démarche aussi approfondie, les designers sont aujourd’hui plus nombreux à se pencher sur les diversités et les usages qui en découlent. Les enjeux sont d’autant plus importants lorsqu’il s’agit d’équiper des espaces publics ou des bâtiments privés mettant en commun un grand nombre d’utilisateurs de tous âges et de toutes morphologies, en situation de handicap ou non. La question devient cruciale dans l’environnement professionnel, à l’heure où aucune entreprise ne peut faire l’impasse sur une politique de RSE orientée vers les résultats.
Transformer les contraintes en potentiel d’innovation
Le design inclusif facilite la vie courante des personnes handicapées tout en améliorant celles des autres usagers. Qui remettrait en question un monde offrant plus de visibilité, plus d’accessibilité, plus de confort et plus de praticité ?
Ce que cela change pour les concepteurs :
- Plutôt que de mettre au point des fonctionnalités complexes, le designer choisit d’intégrer des éléments destinés à faciliter l’usage de son produit au quotidien.
- La valeur ajoutée ne se trouve plus dans le remarquable, la rareté ou l’exception, mais dans la valeur d’usage apportée au plus grand nombre.
Cette approche génère une expérience utilisateur optimisée pour tous, en tous lieux et en tout temps.
Quelques exemples de conceptions inclusives
Le mobilier de bureau inclusif
Les bureaux classiques semblent conçus pour limiter les mouvements, alors même que les nouveaux modes de travail qui s’esquissent impliquent plus de flexibilité et de mobilité. La conception inclusive place la modularité au cœur de ses objectifs. Ainsi, les tables qui peuvent être réglées en hauteur pour offrir un plan de travail adapté à chaque utilisateur ou les chaises ergonomiques qui réduisent la prévalence des troubles musculo-squelettiques s’imposent dans les espaces professionnels. Le bureau SENSES à hauteur variable imaginé par Nathalie Van Reeth pour la marque BULO peut être facilement réglé en hauteur (entre 65 et 130 cm). Sa forme arrondie permet également une plus grande ergonomie. La circulation simple et fluide autour de cet outil design nous donne la possibilité de travailler différemment. Associé à d’autres bureaux SENSES, il crée des espaces de coworking innovants et créatifs, invitant le déplacement et le partage des informations et des compétences de chacun.
Dans les cuisines et les coins repas, des plans de travail simplement fixés au mur permettent de gagner de la place, mais aussi de se mouvoir plus aisément avec ou sans fauteuil roulant, sans être gêné par des pieds de table.
Des rangements plus ergonomiques
Indispensables dans les bureaux, les logements et les administrations, les rangements perdent de leur attrait lorsqu’ils deviennent sources d’obstacles. L’objectif est de permettre à tous les utilisateurs d’accéder au contenu des armoires, caissons et placards sans avoir à mobiliser trop d’efforts.
Les rangements coulissants, qui offrent un important gain de place, peuvent être privilégiés. Des systèmes de fermeture ou d’ouverture tactiles, activés par simple pression, améliorent l’ergonomie, tandis que les rangements modulables, comme les systèmes d’étagères String, optimisent l’autonomie des personnes de différentes tailles tout en rentabilisant l’espace en hauteur. La commode tactile Punt conçue par Terence Woodgate s’ouvre d’une pression délicate. Il est possible de l’équiper d’un piètement plus ou moins haut pour s’adapter à l’usager principal.
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